«Tant à dire! Tant à écrire!» Doug Leroux

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Joëlle Roy

            Pour terminer cette série d’articles, rien de moins que le maire de Penetanguishene Doug Leroux.  Fils d’Alcide et de Marie Jolie, il a grandi dans la ville pour laquelle il se dévoue depuis belle lurette. Des onze enfants de sa famille, il y avait sept gars et quatre filles. Jusqu’à ses douze ans, ils habitaient la rue Poyntz puis les Leroux ont habité la rue Robert ouest.

            Ses frères étaient plutôt sportifs mais lui, il avait la piqûre des études. De la première à la quatrième année, il a fréquenté l’école Ste-Croix de Penetang, puis de la 5e à la 8e, les frères du Sacré-Cœur enseignaient aux gars et leur organisaient les sports d’équipe. À l’âge du secondaire, il désire étudier à Lafontaine pour le français. Il n’y avait aucun cours en français au Penetanguishene Secondary School.  Ses parents devaient débourser 35$ par mois pour ses études à Lafontaine. 

            L’autobus le ramassait à la porte. Ce qui était moins bien, c’est qu’ils arrivaient à l’école bien avant le premier cours. Même scénario après l’école; un gros 90 minutes avant de rembarquer pour rentrer. Comme Doug n’est pas le genre à se tourner les pouces, il s’active à faire les démarches pour organiser des sports. La première étape consiste à convaincre sœur Clémentina, alors directrice de l’école. 

            Et bientôt, Lafontaine est animée de joutes de football. Ils étaient un bon groupe de Penetang qui venait pour étudier à Lafontaine : Pat Dupuis (son bon ami), Alvin Robillard, Anne Martin, Anita Gignac pour en nommer quelques-uns. 

            Sa fréquentation du village de Lafontaine marque une étape cruciale de sa vie. Dès sa neuvième année, il y rencontre l’amour de sa vie : la belle Jeannette Moreau. Elle est en huitième année quand, pendant les récréations, ses yeux s’arrêtent sur ce beau gars de Penetang. Bientôt, Jeannette et Doug se fréquentent et vont aux danses comme celles du Casey Hall, par exemple. Ils aimaient aussi aller patiner. Doug se souvient aussi des party de cuisine chez les Maurice dans le P’tit Québec. 

            Mais l’amour devait s’aiguiser de patience au cours du secondaire car Jeannette est allée étudier à Alexandria. On se retrouvait pendant les vacances et quelques fins de semaine clairsemées. 

            Après son secondaire, Doug prend le contrat de remplacer Viateur Laurin dans l’école de l’autre bord de la baie au North West Bassin. Dès le mois d’octobre, M. Leroux enseigne à 44 élèves de la première à la quatrième année. Il devait avoir le tour puisque, sans formation à l’enseignement, il relève ce défi pendant deux ans. 

            Jeannette, elle, décide d’étudier la coiffure à Barrie. Il faut mentionner qu’en 1961, ses parents qui avaient une grosse terre à l’entrée est du village de Lafontaine, vendent tout cela pour acheter un magasin de variété à Barrie. Jeannette peut donc étudier et demeurer chez ses parents. 

            Après ses études, elle sera gérante d’un salon de coiffure à Barrie. Doug, dans son désir de se rapprocher de sa belle, entreprend un contrat dans le monde de la finance. Il accepte un travail pour AVCO à Barrie et l’oncle de Jeannette, Léon Moreau, le prend en pension. Il en profite pour entamer des études en comptabilité. 

            Les amoureux unissent leur vie en octobre 1962 dans une église de Barrie. L’année suivante, leur fille unique, Lise, fait son entrée au mois d’août. À l’automne, Doug est transféré à Montréal toujours pour AVCO. Jeannette doit abandonner la coiffure pour ce déménagement majeur. 

            Un an de cette vie montréalaise qui leur a déplu au carré. La grande ville, ce n’était pas pour eux. Et en plus, on était si loin de toute la famille et les amis. On revient donc à Barrie car Doug, étant bilingue, est l’employé convoité pour desservir la population québécoise de Borden. 

            Après deux ans, Avco lui propose un poste à Penetanguishene. Enfin, il revient à la petite ville qui l’habite. La petite Lise pourra y commencer l’école. Et Jeannette reprend son métier et ouvre son propre salon, Leroux Coiffure, sur la Main. 

            Dès son retour, Doug s’implique dans l’organisation du club de hockey industriel. Pendant quatre ans, il fera la ronde des positions dirigeantes; il sera président, trésorier, secrétaire. Ses frères jouaient et lui, organisaient. Sa fibre de leader prenait résolument sa place dans la vie du jeune homme.

            En 1970, les Leroux achètent leur première maison sur la rue Lorne avec la famille de Raymond Génier comme voisins. Cette même année, la compagnie AVCO veut envoyer Doug à Peterborough. Mais avec la nouvelle maison, la petite qui a commencé l’école, il refuse le poste et du coup, Doug a dû quitter cette firme définitivement. 

            En plus, il est déjà impliqué dans la communauté. Doug est membre du club Richelieu et il est bon ami avec un certain Ronald Hamelin qui est actif dans la construction. Doug fera la comptabilité pour la compagnie des Hamelin. Graduellement, il maniera autant les outils de construction que le crayon qui aligne les chiffres. 

            Tant et si bien que cinq ans plus tard, en 75, les hommes s’associent pour former le Hamelin & Leroux Builders Ltd. Armand et Alcime Hamelin, les oncles de Ronald, sont aussi actionnaires. Le partenariat durera quinze ans.

            Son implication communautaire, elle, s’étend dans bien des domaines. Il a été membre du comité de langue française qui a obtenu des cours en français à l’école Penetanguishene Secondary School. Marcel Bellehumeur menait ce comité. Doug a aussi présidé la Chambre de Commerce de Penetanguishene et Tiny. Il est un des quatre membres fondateurs de l’actuelle Chambre de commerce du sud de la Baie Georgienne qui est le résultat d’une fusion avec la Chambre de Commerce de Midland. 

            Pour la ville, il a participé au comité d’ajustement pendant neuf ans dont sept à titre de président. C’est le comité qui approuve les changements de limites de terrain, par exemple. Puis la ronde des comités fait le tour : bibliothèque, travaux publiques, musée, aînés, loisirs.

            C’est en 90, avec l’encouragement de son bon ami, Yvon Gagné, qu’il se lance en campagne électorale municipale et remporte sa première victoire électorale. 

            L’influence de papa Alcide Leroux est omniprésente dans tout ce cheminement. Alcide avait peu d’éducation mais c’était un homme savant. Il a été le gérant de la fonderie J. T. Payette pendant 32 ans. Alcide suivait de près la carrière et les propos d’un certain Tommy Douglas, chef du parti politique C.C.F.. Ce parti social démocratique de l’ouest canadien est à l’origine du Nouveau Parti Démocratique actuel. 

            Tommy Douglas a été premier ministre de la Saskatchewan puis il a aussi siégé au Parlement fédéral. Son intérêt était celui des travailleurs. Il croyait que la politique devait veiller au mieux-être des individus. On lui attribue, d’ailleurs, la naissance du système de santé canadien tel qu’on le connaît. 

            Doug a suivi cette influence paternelle dans son travail d’ouvrier et comme homme politique. D’un côté, on construit des maisons avec ses mains et d’un autre, on façonne une communauté avec sa tête et son cœur. En plus de l’influence politique, il a appris du talent d’ouvrier de son père qui a pratiquement tout rebâti leur maison, de la plomberie à l’électricité et tout ce qu’il y a entre les deux.

            Alors que Doug s’affaire à sa besogne de constructeurs, Jeannette décide d’entreprendre une toute nouvelle carrière. Au début des années 80, elle entreprend de compléter son baccalauréat à l’université York. Leur fille Lise y étudiait déjà. Alors deux soirs par semaine, Doug et Jeannette quittaient vers 16h pour le cours de 18h. Puis il allait souper avec sa fille. À 21h, Jeannette avait terminé son cours et on reprenait la route vers Penetanguishene. 

            Les autres soirs, Jeannette se rendait à Orillia ou à l’hôpital psychiatrique de Penetang pour suivre ses autres cours. En 1988, la famille Leroux a droit à deux graduations : celle de la mère et de la fille! Lise va ensuite poursuivre ses études à l’université Queen’s. L’année suivante, elle épouse un jeune homme, rencontré à York, du nom de David Simurda. 

            Jeannette commence sa toute nouvelle carrière à l’école catholique St-Ann’s sur la rue Dunlop à Penetanguishene. Pendant 23 ans, elle enseignera la deuxième année. C’est donc elle qui avait la tâche de préparer les petits pour la première communion et le sacrement du pardon. C’était la candidate idéale pour cette tâche car, selon Doug, elle pratique ce qu’elle enseigne.

            Les fins de semaine, Doug allait l’aider parfois avec la préparation et les décors qui changeaient avec les saisons et les thèmes d’apprentissage. Il se rendait dans la classe de Jeannette avec le projecteur reçu à ses dix ans et qu’il a encore. Avec cette petite machine, il pouvait tracer dans un format agrandi, tout ce que Jeannette désirait. 

            Lise prendra aussi le chemin de l’enseignement. Après un détour de dix ans à l’école secondaire Cardinal Carter d’Aurora, elle rentrera dans sa baie Georgienne natale. Elle fera partie du département d’anglais de l’école secondaire St. Theresa à Midland dont elle prendra la responsabilité pendant vingt ans. Sa retraite de 2018, après trente ans d’enseignement, précède celle de papa.

            N’allons pas trop vite car il faut rattraper les changements déployés dans la compagnie Hamelin et Leroux Builders Ltd. En 90, Doug achète les parts d’Armand Hamelin. Cinq ans plus tard en 95, il achète celles d’Alcime. À partir de ce temps, Doug est solo comme dirigeant. 

            C’est à ce temps qu’il entreprend un contrat dont il est très fier : la construction du Théâtre King’s Wharf pour les Parcs historiques de la Huronie. L’actuel King’s Wharf n’était qu’un gros entrepôt dévoué à l’entreposage. Les quatre étages originaux sont ceux que nous voyons, assis dans le théâtre. Pour réaménager, on a dû enlever deux planchers.   

            Ce contrat a duré un an et demi. C’était une période de récession et le gouvernement de Bob Ray investissait généreusement pour réactiver l’économie. On devait construire une addition au nord de la bâtisse pour les loges et salles de bains. Puis du côté est, on a construit une terrasse, une entrée avec des bureaux à l’étage supérieure. Sans oublier le mur de roche qui longe le bâtiment historique. Doug a engagé Sabin Charlebois pour ce travail minutieux. Sabin et ses hommes y ont passé presqu’un an. Le mur que l’on voit est de la même dimension sous la terre.  

            À ce temps, il était en plein dans son expérience au gouvernement municipal. Vingt-sept ans impliqué à diriger une petite ville en plein développement. Petit garçon, sa ville n’avait que 3 500 âmes. Au dernier compte, on est maintenant dans les 10 000. Il a vu apparaître les nouveaux développements tels que le secteur de Le Caron, le secteur Marchand et la subdivision Brûlé dont les terres appartenaient à Roméo Asselin. 

            Doug a aussi observé le déclin et la revitalisation de la rue Main, dépouillé de plusieurs commerces à l’apparition des centres commerciaux dans les 70. Cette rue Main a maintenant fière allure avec de nouveaux commerces prospères. La fameuse côte, considérée comme un mauvais sort pour la ville, commence à être appréciée à sa juste valeur avec sa vue incomparable sur la baie de Penetanguishene. 

            C’est en 2019 qu’il a pris sa retraite du monde de la construction. Il met fin à cette carrière avec tout un coup de théâtre. Son dernier projet de construction est de bâtir la maison de rêve de sa fille Lise et son mari sur la baie de sable, au bout de la 19e concession de Tiny. Doug et Lise ont travaillé ensemble les plans de cette maison, digne de la couverture d’un magazine. À la retraite, Lise et David ont tout le temps de profiter de cette paix et d’admirer ce paradis.

            Doug achève son terme de maire et il a déjà décidé, avec Jeannette et Lise, de se représenter à titre de conseiller pour passer plus de temps avec sa famille. Son travail de maire, en temps de pandémie, a été tout un défi! Son œil cache à peine une autre carte qu’il compte bien jouée avant de tirer sa révérence de la vie politique. Le projet d’un nouvel aréna/centre communautaire lui tient à cœur. Une belle bâtisse avec deux glaces (une pour le hockey et l’autre pour le curling), un gymnase, une salle communautaire pour 300 personnes, le Temple de la renommée des sports, entouré d’un circuit pour la marche. C’est de longue haleine, mais il compte bien entamer les premières étapes. 

            Il continue d’élaborer les projets de sa ville avec passion : les célèbres anges à l’entrée de la municipalité vont déménager tout près de Michelle’s Optical pour être véritablement au début des limites de Penetanguishene. Il jase de la croisière de Georgian Legend qui navigue à partir du quai de Penetanguishene.   

            Nous pourrions continuer avec autant d’ardeur à parler de l’avenir que du passé. C’est la marque d’un gars qui mord dans la vie. Difficile à croire qu’il a traversé huit décennies. Une vie bien remplie à se dévouer à sa famille, à son métier et à sa communauté. S’il s’est accompli, ce n’est pas au dépend de qui que ce soit. Bravo et merci, Doug.

            Nous leur souhaitons beaucoup de bonheur à Jeannette et Doug qui célébreront 60 ans de mariage en octobre. Et je nous souhaite à tous et toutes de vieillir comme Doug, avec santé, passion, don de soi et amour des autres et de la vie!

On retrouve la famille: en avant: Lise et Jeannette et en arrière David Simurda et Doug Leroux.