Le nombre d’accidents mortels sur les routes de l’Ontario est à la hausse depuis 2024. Pour l’équipe municipale de Penetanguishene, il est temps de passer à l’action pour rendre la ville plus sécuritaire. Plus tôt cette année, les élus municipaux ont appuyé un projet de règlement municipal (2022-02) prévoyant plusieurs changements aux règles de circulation sur les rues de la ville.
Hubert Théberge
IJL– Le Goût de vivre
Création de zones de sécurité communautaire
Un des changements majeurs prévus par le règlement 2022-02 est la création de 17 zones de sécurité communautaire (ZSC). Ces zones sont des tronçons de rues où la circulation piétonne est plus importante comme les zones à proximité des écoles, des secteurs commerciaux ou dans les rues à proximité de résidences pour personnes âgées. Lorsqu’une section de rue est désignée comme zone de sécurité communautaire, la limite de vitesse peut rester la même pour les véhicules mais le coût des contraventions est doublé.
À titre d’exemple, la rue Robert Ouest sera désignée comme zone de sécurité communautaire à partir de la rue Owen jusqu’à la hauteur de la route Lafontaine. Il en sera de même pour la rue Fox elle-même qui sera une ZSC de la rue Church à la rue Broad.
Au sujet de la façon dont les zones ont été délimitées, monsieur Bryan Murray, directeur des travaux publics de Penetanguishene a répondu qu’il s’en remet à son équipe : « lorsqu’on planifie les améliorations au réseau routier, notre équipe de la ville travaille en collaboration avec des consultants spécialisés dans le domaine en question ».
Les plaintes de citoyens entrent également dans l’équation décisionnelle. Nous avons demandé à M. Murray pourquoi la zone de sécurité de la rue Robert Ouest ne se rendait pas jusqu’à la rue Main où les piétons sont nombreux. « La longueur de la zone est souvent pour la rue Robert. Si nous recevons des plaintes pour le secteur dont vous parlez, c’est possible qu’on agrandisse la zone jusqu’à la rue Main » indique M. Murray.
Il faut noter que le règlement est révisé annuellement en fonction des commentaires de la communauté. Les citoyens mécontents de la vitesse des voitures dans leurs quartiers ont donc un réel impact sur la règlementation municipale.
Pour ceux désirant connaître les détails, il est bon de savoir que le descriptif du règlement municipal 2022-02 est disponible sur le site web de la ville de Penetanguishene. À la lecture du document officiel, on peut voir que l’équipe municipale prévoit également des changements au niveau des stationnements publics, de certaines voies de virage et des passages pour piétons présents un peu partout dans la ville.
Le rôle de la police
La création de secteurs plus sécuritaires dans une ville relève de son conseil municipal, mais les agents de police ont un rôle important à jouer pour que les règlements soient respectés. Nous avons questionné l’agent Aaron Coulter de la Police provinciale de l’Ontario à savoir si le fait de créer une zone de sécurité communautaire pouvait faire une différence pour la sûreté des citoyens. « Ces zones ont un double effet dissuasif. Premièrement elles sont clairement identifiées avec un panneau de signalisation sur le bord du chemin. Deuxièmement, elles augmentent les conséquences pour les contrevenants. Ce n’est pas que les coûts des amendes qui sont doublés, les conséquences sont plus sérieuses. Suite à une infraction pour excès de vitesse dans une zone de sécurité, le véhicule peut directement être remorqué à la fourrière et le conducteur peut voir son permis suspendu sur le champ » explique monsieur Coulter.
Machine à contraventions
Parmi les autres mesures prévues par le règlement municipal 2022-02 on compte la réduction de la limite de vitesse sur une partie de la rue Thompson et du chemin Bellisle, au sud de la ville et l’implantation de nouveaux radars photo à des endroits clés.
Un total de quatre radars photo sont censés être installés cet automne sur les rues suivantes : la rue Robert Ouest, le chemin Bellisle, la rue Church et la rue Fox. Selon Bryan Murray ces secteurs ont été sélectionnés en fonction des plaintes concernant la vitesse que la ville a reçues des citoyens : « la raison est la même que pour la création des zones de sécurité, on répond aux demandes des citoyens et les plaintes de vitesse ont été nombreuses pour le secteur de la rue Robert Ouest. »
Au sujet de ce que plusieurs surnomment les « machines à contravention » l’agent Aaron Coulter a déclaré que leurs emplacements étaient sous la responsabilité de la ville, mais que généralement en matière de sécurité, la police travaille dans le même sens que le conseil municipal. M. Coulter précise « il incombe aux municipalités de déterminer les meilleurs emplacements pour les zones de sécurité communautaires et les caméras automatiques de contrôle de la vitesse. La Police provinciale de l’Ontario travaille en collaboration avec les municipalités afin d’assurer la sécurité de tous les usagers de la route grâce à la sensibilisation et à l’application des lois sur la circulation routière ».
L’opinion du
Premier ministre
Pour qu’un radar photo soit installé, un panneau routier indiquant « municipal Speed Camera Coming Soon » doit être placé au futur emplacement de l’appareil 90 jours avant l’installation. Même si les 4 panneaux ont déjà été érigés à Penetanguishene, il est possible que l’installation des radars photo ne se concrétise pas.
Le 7 octobre dernier, le Premier ministre Doug Ford a rejeté la proposition d’une vingtaine d’élus municipaux de conserver leurs radars photo. Pour Doug Ford, ces appareils « ne fonctionnent pas ». Même si certaines études ont montré leurs effets dissuasifs sur la vitesse des conducteurs, le Premier ministre considère les radars photo comme une manière détournée des villes de faire de l’argent sur le dos des automobilistes, pointant du doigt les 37 municipalités ontariennes qui en ont fait l’installation. Selon Ford, si les radars photo avaient un effet dissuasif, ils ne produiraient pas des dizaines de milliers de contraventions tous les ans. Il préfère d’autres mesures de prévention comme les dos d’âne.
Un projet de loi provinciale qui interdirait l’installation des radars photo par les municipalités ontariennes est en préparation du côté du parlement à Queen’s Park.
À l’écoute des citoyens
Malgré l’incertitude planant sur l’installation des radars photo, Bryan Murray est heureux de faire partie d’une équipe qui cherche à répondre aux soucis de sécurité des citoyens. Outre les objectifs de sécurité urbaine, le travail de directeur des travaux publics pose de nombreux défis. Étant donné que Penetanguishene est l’une des plus vieilles villes de la région, travailler à son amélioration n’est pas toujours chose évidente : « dans certaines zones, c’est vraiment un défi de changer les infrastructures en raison de leur âge. On n’a pas toujours l’espace nécessaire pour travailler rapidement ». M. Murray garde toutefois bon espoir pour l’amélioration et le développement de la ville.
Panneau signalant l’installation prochaine d’un radar photo sur la rue Church à Penetanguishene. Crédit photo Aaron Coulter