En chantier depuis juillet 2023, le Plan directeur sur l’eau potable de Tiny est dans sa phase finale depuis déjà quelques semaines. Le 12 mai dernier, l’équipe du canton invitait les résidents à consulter le plan sur le site de la municipalité afin de faire part de tout commentaire, en vue du rapport final. Voici les informations recueillies par le journal à ce sujet.
Hubert Théberge
– IJL Réseau.Presse
– Le Goût de vivre
Un réseau usé dans
les secteurs de villégiature
Depuis déjà quelques années, l’eau potable est un sujet récurrent lors des réunions du conseil municipal de Tiny. Le Plan directeur sur l’eau potable de la municipalité propose une série de chantiers visant à améliorer le système d’approvisionnement en eau potable dans le canton. À titre d’exemple l’un des projets figurant dans le plan suggère d’agrandir un réservoir à Wyevale tandis qu’un autre prévoit la réfection de puits artésiens dans le secteur appelé « Georgian Bay Estates».
Jean-François Robitaille est directeur de l’ingénierie pour le canton de Tiny et fait partie des personnes-ressources liées au Plan directeur sur l’eau potable et selon lui, c’est l’usure générale des systèmes d’eau dans le canton qui est à la source des problèmes d’approvisionnement d’eau potable : « nous avons beaucoup de petits systèmes d’eau qui ont été conçus et construits pour des subdivisions saisonnières composées de chalets. Ces derniers ont moins de redondance et sont souvent composés d’équipement moins robuste. La durée de vie de ces petits systèmes arrive à échéance pour plusieurs d’entre eux ».
La redondance dans le contexte de l’approvisionnement de l’eau signifie que plusieurs éléments ou systèmes sont capables d’assurer la même fonction.
Sur la question de la qualité de l’eau potable à Tiny, le directeur de l’ingénierie s’est montré rassurant : « le dernier rapport (2024) sur la qualité d’eau à Tiny était très positif. Toute l’information sur les tests est disponible sur le site web du canton depuis la tragédie à Walkerton, les standards pour l’eau potable municipale en Ontario sont très élevés. L’eau potable fournie par Tiny dépasse toutes les normes en vigueur présentement ».
M. Robitaille affirme que la situation est différente dans les villes de Midland et Penetanguishene, où la plupart des habitants sont connectés à un seul système d’eau avec beaucoup de redondance pouvant compter sur plusieurs sources ainsi que sur des égouts municipaux.
La majorité des problèmes d’accès à l’eau potable de Tiny seraient donc spécifiquement liés au caractère saisonnier de plusieurs résidences à travers le canton selon M. Robitaille : « la plupart des maisons dans Tiny n’ont pas de problème avec l’accès à l’eau. Il y a seulement certains endroits qui ont des problèmes, car les lots sont trop petits et ils sont desservis par des fosses septiques et des puits individuels. Puisqu’on ne peut pas construire de puits proche des fosses septiques, il y a parfois des problèmes à trouver un endroit sur le terrain où l’on peut construire un nouveau puits. Il y a aussi beaucoup de propriétés avec des puits creusés. Ils peuvent manquer d’eau s’il y a sècheresse, ils sont plus susceptibles à la contamination, et il y a de moins en moins d’entrepreneurs qui sont enclins à travailler sur de tels systèmes ».
La réalisation du plan
est imminente
Le Plan pour l’accès à l’eau est présentement à sa phase finale d’approbation et certains chantiers devraient être lancés dans les prochains mois par l’équipe de la municipalité : « oui, nous avons déjà commencé la planification pour un projet qui va réunir deux systèmes d’eau dans le nord du canton (Sawlog Bay et Georgian Bay Estates). Les projets sont aussi inclus dans notre plan financier de 5 ans qui sera présenté au conseil municipal sous peu. Nous allons aussi proposer certains projets pour le budget de 2026 » avance M. Robitaille.
Plus de compteurs d’eau dans le secteur de Lafontaine
L’introduction de compteurs d’eau dans le canton a été maintes fois abordée par certains résidents, lors des rencontres du conseil municipal des dernières années. Malgré la grogne qu’ils ont pu causer, Jean-François Robitaille maintient que les compteurs ont été importants pour préserver les réserves d’eau potable ainsi que l’état général du réseau : « l’implantation des compteurs d’eau a eu un grand effet positif sur la consommation d’eau dans les communautés où ils ont été installés à date. Cela réduit l’usure de notre équipement, nous aide à éviter certaines grandes dépenses comme la construction de réservoirs, nous permet d’offrir des économies aux résidents qui ne consomment pas beaucoup d’eau, et nous aide aussi à trouver des fuites dans les systèmes de distribution ». Lorsque questionné sur la possibilité d’ajouter plus de compteurs d’eau dans la région, le directeur de l’ingénierie de Tiny nous répond qu’un programme d’installation de compteurs pour Lafontaine et les environs est prévu pour cette année ou l’an prochain.
Des résidents partagés par les mesures de la municipalité
Laura Croteau est une résidente francophone de Tiny depuis 11 ans et est mitigée au sujet de l’implantation des compteurs d’eau : « je me demande si c’est une vraie solution. Oui, on est responsable pour la consommation de l’eau, mais la responsabilité civique vient, dans les meilleurs cas, d’un sens de communauté et la valeur du bien-être de tous […] Les compteurs vont compter, évidemment! Ça ne change pas nécessairement la capacité du système, long terme ».
Mme Croteau admet toutefois que les systèmes d’eau de Tiny doivent être améliorés : « au cours des années passées, mon mari et moi avons vu comment les différents secteurs du canton, y compris le nôtre, ont pris de l’expansion. Chaque été, la population gonfle avec les résidents saisonniers, et on voit les maisons se construire sur les terrains non occupés. Le canton de Tiny aura certainement des soucis techniques liés à un accroissement pareil de sa population ».
Comme solution aux problèmes d’eau, la résidente francophone aimerait voir une approche plus positive de la part de la municipalité : « […] si on pouvait récompenser ceux et celles qui conservent l’eau, au lieu de menacer et punir, avec les compteurs? En même temps, il faut que notre ressource et nos capacités suivent le rythme de l’accroissement de population ».
De son côté Janice Murton, résidente du canton opérant un commerce à Lafontaine, n’est pas contre l’implantation des compteurs d’eau : « les coûts associés avec la régulation des puits municipaux devraient être la responsabilité des utilisateurs. Je crois aussi que ça aide avec la promotion de la conservation d’eau ».
Par ailleurs, Mme Murton considère que le principal problème du canton concernant l’eau potable est l’infiltration de nitrate dans les puits artésiens et le fait qu’il faut mélanger l’eau des pluies pour en diluer la concentration.
La part de chacun
Jean-François Robitaille encourage chaque citoyen du canton à faire sa part pour maintenir la qualité de l’eau : « les gens peuvent nous aider en restant informés, limiter l’utilisation de pesticides s’ils vivent proche d’un puits municipal et s’ils n’ont pas de compteur, limiter la consommation excessive d’eau ».
La population a d’ailleurs jusqu’au 13 juin pour consulter la version préliminaire du Plan pour l’eau potable sur le site web de Tiny et pour écrire leurs suggestions et commentaires à l’équipe du canton.